Rythme.s / Subversion.s

Rythmes et subversions

Il n’y a pas de contenu sans forme. Autrement dit, c’est la forme qui porte le contenu.

La forme serait le contenu. La forme c’est avant tout le vécu, l’expérience, le corps, l’œil, la main et, certes, l’esprit.

Nous entendons souvent dire le fond c’est la forme. Cette formule consacrée confirme le règne de la raison, de l’entendement, du sens sur le sensible. Je pense donc je suis ! Ici, l’entendement précède l’être, le sujet.

Descartes n’a pas dit Je sens donc je suis ! Or sa célèbre formule semble recouvrir autant la sensation et la perception que la raison. Finalement, son Je pense donc je suis pourrait tout aussi bien impliquer le corps que l’esprit.

Les formes pensent, aussi.

Ce sont bien les formes qui pensent et non pas seulement la raison qui énonce, qui décrit. Ce sont peut-être même les formes qui nous pensent. Nous pensons bien avec le corps, avec nos sens, à partir de nos sensations, y compris les plus contestables.

Les formes sont mise.s en rythme.s, contacts immédiats, a priori.

Ce sont les rythmes qui agencent nos perceptions et donc nos réflexions, qui les portent, les transportent, les forment et les déforment. Ce sont les rythmes qui nous formulent, nous tiennent et nous détiennent. Ils sont associations, collages, rapprochements, etc. Ils dévoilent le visible et révèlent l’invisible, les sens cachés comme les non sens qu’ils scrutent à tâtons, selon de multiples modalités.

La création c’est chevaucher des puissances qui nous débordent. Les rythmes agencent ces forces, ces énergies, ces flux qui nous souvent nous échappent, selon de multiples modalités, toutes aussi différentes et imprévisibles les unes que les autres. Baroques ou minimalistes, métriques ou libres les rythmes  sont partout. Les artistes définissent ces modalités, propres, singulières, personnelles, partagées ou non.

A chacun sa manière, à toutes et à tous ses propres rythmes.

Oui, les formes pensent, oui, les formes nous pensent.

C’est là leur dimension politique, voire subversive.

Paris, dimanche 18 novembre 2018.